Chapitre I - Les toilettes
Août 2023 - Marc
10/3/20248 min read
Ce soir-là, en plein milieu de la fête du village, il n'avait rien prémédité. Cela faisait d'ailleurs bien des années qu'il n'avait plus fait ça. Mais ces derniers mois, ça n'allait pas fort. Une rupture compliquée, enchaînant avec des relations toxiques, le décès de son grand-père, l'incendie... Ses envies déviantes ont ressurgi dans son esprit, petit à petit, un peu plus chaque jour. Pour finalement se transformer en une pulsion qu'il devait assouvir, à tout prix. C'est physique. Comme une envie de pisser que l'on contient depuis des heures et qui vous compresse les organes dans le bas-ventre. Il faut que ça sorte, il doit se satisfaire.
- Je vais aux toilettes, je vous rejoins devant la scène sur le côté gauche, là où l'on était tout à l'heure," lance Marc à sa petite amie.
La jeune femme, plusieurs années de moins que lui, est réservée et peu à l'aise dans la foule. Elle acquiesce d'un geste des épaules. Elle n'a pas vraiment le choix ; elle connaît à peine cet homme, elle ne va tout de même pas le suivre jusque dans les toilettes. D'un signe de la main, elle lui confirme qu'elle ne bougera pas d'un poil. Elle l'attendra sur le côté gauche de la scène, là où ils étaient tout à l'heure, en compagnie de Pierre et Julien, les deux potes de Marc.
Les toilettes de la guinguette ne sont qu'à quelques mètres, mais la foule, qui stagne entre la scène, la buvette et les stands de bouffe, transforme ce passage en un véritable étrangloir. Sa pinte de IPA blonde à la main, il se fraie un chemin entre les fêtards, jouant des coudes. Marc a de la chance, il est grand, ce qui rend la tâche plus facile. Sur le chemin qui mène aux sanitaires, le trentenaire rencontre pléthore de connaissances. Enfant du coin, il aime sortir et joue régulièrement au basket au parc. Marc se fait arrêter quasiment tous les mètres pour taper la bise à une amie ou checker un copain dans la horde. Cela fait cinq bonnes minutes qu'il a quitté sa petite copine et il n'est même pas encore arrivé dans les cabines de WC mobiles installées aux quatre coins de la place de la Liberté. Mais ce n'est plus son souci. Il l'a d'ailleurs déjà oubliée. Marc n'est pas réputé pour son empathie. Son ancienne compagne le traitait souvent d'égoïste et ça le rendait fou. Comme si lui, était un égoïste...
Marc engloutit sa bière artisanale à moitié chaude et sans gaz. Il arrive au bout de la file des toilettes, une dizaine de personnes fait la queue.
Devant lui, il remarque deux jeunes femmes qui se dandinent avec une envie pressante. Il ne s'attendait pas à ce que ce soient des toilettes mixtes, mais ça ne le dérange pas. Marc a grandi dans une famille un peu hippie comme il y a beaucoup dans la région. Chez eux, il n'y avait pas de portes aux salles de bain. Alors, imaginez, des toilettes mixtes, c'est d'un basique ! Il observe comment les corps des deux femmes se balancent inconsciemment pour gérer l'inconfort de la situation. Situées à moins d'un mètre devant lui, les deux copines taillent un costard à un mec qui, visiblement, a trompé une de leurs amies. Marc entend tout et, il sourit. Elles sont bien futiles, mais elles sont quand même bien bonnes ; il se demande si elles sont lesbiennes. L'attente devient interminable. Marc aussi commence à trépigner et plus il regarde le va-et-vient du bassin des filles devant lui, plus il sent la pression contre sa vessie.
- Tu veux sa photo ? Une voix fluette le ramène au moment présent.
- Tu crois que je te vois pas lui mater le cul depuis tout à l'heure.
Marc est agacé : de quoi elle se mêle et d'ailleurs, d'où elle sort cette grosse ? Rester calme. Il s'excuse, explique qu'il était perdu dans une réflexion ; il vient de perdre son grand-père, il était comme un père pour lui alors, il ne se rendait pas compte, il avait l'esprit ailleurs.
- Oh pardon... j'ai cru que tu étais un de ces porcs encore, lance la jeune fille, mal à l'aise.
Dans son esprit, Marc jubile. Il se targue d'être un homme particulièrement intelligent. Quand il avait 10 ans, Marc voyait une psychologue. La mort de son père très jeune, la séparation de sa mère avec son beau-père ... compliquée. À l'époque, il était le genre d'enfant qui invente des histoires pour raconter au spécialiste exactement ce qu'il voulait entendre. Sans sourciller, il embobine qui il veut, comme il veut, quand il veut. La preuve : il mate le cul de deux nanas qui se trémoussent sous son nez, il se fait prendre la main dans le sac et il arrive à s'extirper de cette situation avec brio. Ce n'est pas de la manipulation, c'est être intelligent !
Cette petite mésaventure lui a fait oublier son envie de pisser quelques minutes. La file avance, son tour arrive bientôt. Marc réalise que l'épisode a provoqué chez lui un début d'érection. S'il continue d'y penser, ça ne va pas arranger les choses. Le garçon connaît une sexualité particulièrement soutenue. Il a de gros besoins. Et il n'y a pas que ses besoins qui sont gros. Cela le fait sourire. Marc a toujours été fier de son sexe. Il aime sa taille : 21 cm, il a mesuré. Il aime par-dessus tout l'ardeur avec laquelle il peut se maintenir pendant des heures pour faire jouir ses partenaires. Il n'est pas comme les autres hommes ; quand il fait l'amour à une femme, il pense à son plaisir: à elle ! C'est la raison pour laquelle ses conquêtes disent de lui que c'est un bon coup. Il a tout pour lui, une belle bite et une belle gueule. Il mesure 1m85, il est sportif et élancé, il a de beaux cheveux blonds et bouclés, dont il prend soin, son sourire ravageur arbore de longues dents blanches bien alignées et sa peau revêt une couleur miel. Ses mains sont longues et parfaites, il a des poils sur le buste juste ce qu'il faut. Si ses dames l'avaient connu adolescent... jamais elles n'auraient imaginé qu'il finirait si bel homme. Marc sourit encore plus et son érection n'a pas diminué.
Les deux filles avant lui entrent ensemble. À deux portes de là, un autre toilette se libère. Marc est un peu déçu, il aurait bien aimé pisser à côté de ces drôles de dames. Les filles ont cette manie d'aller faire pipi à deux... Il referme la porte derrière lui, il n'en peut plus, il va se pisser dessus. Il défait son froc et se laisse tomber sur le trône. Il fait toujours pipi ainsi. Pas besoin de pisser debout pour prouver qu'il est un homme. Uriner assis, c'est bien plus pratique et confortable. De plus, la longueur de sa queue lui permet de la déployer avec aisance vers le trou sans en mettre partout.
Le jean aux chevilles, son téléphone s'éjecte soudain de la poche arrière, atterrissant sur le sol. Il l'avait zappé, heureusement qu'il finit là et pas dans les chiottes. Il est surpris, par terre, c'est plutôt propre ! Étrange pour un samedi soir de fête populaire, l'équipe de la mairie a dû passer juste avant pour faire un brin de ménage rapide. Alors que Marc examine le lino blanc cassé, son regard se dirige en bas à droite où il remarque que la cloison séparant les cabines laisse un espace vide d'au moins 25 cm.
De l'autre côté, il aperçoit le bout du pied d'une femme. La chaussure, sophistiquée, est ouverte, laissant apparaître des petits doigts de pieds couleur café bien serré. Ça l'intrigue. Une peau aussi noire, il n'y en pas beaucoup dans le village. Marc pense évidemment à sa maman. Par ici, il est le seul métisse. Mais Paule a choisi de rester à la maison ce soir. La propriétaire de la chaussure vient sûrement d'arriver au bal, ses pieds sont bien trop propres. Elle n'a pas dû faire de concert encore, ni de danse ; la pauvre, elle va se faire piétiner, de si jolie petits pieds. Et puis, Marc, fin observateur, remarque le vernis que l'inconnue a choisi d'arborer ce soir. Une sorte de couleur dorée rose avec des pointes de feuilles d'or. Le genre de produit sophistiqué qui, une fois de plus, ne colle pas du tout avec le stéréotype des femmes du coin. L'occupante de la cabine voisine intrigue Marc. Il est encore assis sur le trône, le pantalon par terre et cette érection qui revient. Décidément ! Mais cette fois, il est seul, ici personne ne va le surprendre à mater. Son téléphone dans la main, il enclenche le mode caméra. Doucement, il glisse l'objectif de l'appareil de l'autre côté de la paroi. Juste un peu, juste de quoi filmer sans se faire remarquer.
Le cœur de Marc bat la chamade et son sexe n’en finit plus de gonfler. Ça y est, il assouvit enfin cette pulsion lancinante. Observer sans être vu. Filmer à l’insu. Marc est un voyeur et il n’en est pas à son coup d’essai. La mécanique du geste le prouve. Assuré, il prend le temps de cadrer correctement ; il n’imagine même pas une seconde se faire prendre. Il est intelligent. Il sait faire, il l’a déjà fait.
La chasse d’eau retentit dans la cabine voisine. Marc retire l’objectif machinalement ; il n’a pas perdu la main, ça fait pourtant un bail qu’il n’avait pas fait ça. Au moins dix ans ! Son ex avait découvert sa collection sur son disque externe bien rangé. Il a bien été obligé d’arrêter. Marc regarde la vidéo qu’il vient de tourner. Il a capturé cette vulve brune et proprement épilée. Ça, c’est le sexe d’une femme qui doit avoir au moins 55 ans. Elle ne doit pas avoir l’habitude des fêtes de village, quand on repense à ses chaussures, à la couleur de sa peau. Soudain, Marc ressent un spasme d’excitation. Il a réussi à filmer le moment où l’inconnue urine. Le Graal. Il aurait pu jouir à ce moment-là, si quelqu’un n’avait pas cogné sur la porte.
Depuis combien de temps est-il enfermé là ? Et sa copine, qui doit l’attendre du côté gauche de la scène comme une belle plante un peu naïve.
- Pardon, j’ai la gastro, je ne suis pas bien, décoche-t-il à la personne derrière la porte. Il ne se démontera donc jamais.
Il s'apprête à rejoindre Pauline sur-le-champ, mais c’est décidé : ce soir, il va recommencer. Il regarde autour de lui. Adolescentes ou plus matures... Les femmes sont toutes si belles et toutes si différentes. Il a toujours le téléphone dans la main. Marc pianote un bref message puis enfonce l'outil dans la poche arrière de son jean.
19h19 - Marc : Je me sens mal, il faut que je retourne aux chiottes, je suis désolé les gars, ne m’attendez pas.
19h30 - Ju : Ok.
La petite culotte dans le garage
Un récit poignant d'une passion destructrice, une histoire librement inspirée de faits réels signée Aude Caro.
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